Toto (Marie Clotilde) Bissainthe 1934 - 1994 IIeme Partie |
Orchestre Tropicana |
A lire : Première partie |
Frantz Courtois |
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De tous nos chanteurs, Gérard Dupervil reste émouvant de poésie et de charme exquis. On a eu tort de faire passer pour un Tino Rossi des tropiques celui qui, en réalité nous a laissé de la musique bien ouvragée. Son art était créatif et maintenu à un grand niveau esthétique. "Bon Voyage", "Trahison" restent des œuvres immortelles et sont passées à la postérité. Gérard Dupervil a su à lui tout seul incarner le Jazz des Jeunes.
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Ses nombreux succès auprès des femmes l'empêchaient sans doute de se vouer exclusivement à l'orchestre dirigé par Saint Aude, lequel astreignait ses musiciens à la plus rigoureuse discipline. A chaque fois que ce chanteur vedette s'en allait pour s'affranchir de la tutelle trop pesante de l'exigeant maestro, l'orchestre s'en ressentait et perdait de son poids. |
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L'Orchestre Septentrional du Cap - avec le concours des chanteurs Roger Colas, Michel Tassy, Thomas David -, le Tropicana d'Haïti viendront également enrichir le paysage musical haïtien pour nous laisser des œuvres musicales bâties sur des arrangements soignés, bien élaborés. |
De tous nos chanteurs, Gérard Dupervil reste émouvant de poésie et de charme exquis. On a eu tort de faire passer pour un Tino Rossi des tropiques celui qui, en réalité nous a laissé de la musique bien ouvragée. Son art était créatif et maintenu à un grand niveau esthétique. "Bon Voyage", "Trahison" restent des œuvres immortelles et sont passées à la postérité. Gérard Dupervil a su à lui tout seul incarner le Jazz des Jeunes. Ses nombreux succès auprès des femmes l'empêchaient sans doute de se vouer exclusivement à l'orchestre dirigé par Saint-Aude, lequel astreignait ses musiciens à la plus rigoureuse discipline. A chaque fois que ce chanteur vedette s'en allait pour s'affranchir de la tutelle trop pesante de l'exigeant maestro, l'orchestre s'en ressentait et perdait de son poids. |
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D'autres formations baptisées Mini-Jazz marquèrent également cette période. Elles innovèrent dans un style différent des aînés en apportant une musique électrique mais qui reflétait les courants à la mode. S'inspirant de ces autres ensembles d'outre-mer tels "Los Diplomaticos", "Fausto Papeti", "Toni Danieli" elles utiliseront à leur tour deux guitares et une basse électrique, et en particulier, le saxophone alto qui trouva une autre expressivité.
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Ce fut une autre révolution qui contribua à diminuer l’intérêt du grand public pour les ensembles acoustiques. Les Shleu-Shleu, les Fantaisistes, les Ambassadeurs, le Ibo Combo et beaucoup d'autres furent émouvants de fraîcheur pour avoir su assumer les exigences d'une émanation propre à leur sensibilité. |
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L'Art d'une Toto Bisainthe, révélée durant les années 60, trouva son enracinement dans l'expressivité, la chaleur exubérante dont sa voix restera teintée. Elle nous laisse des souvenirs bouleversants et durables. Bien qu'ayant beaucoup interprété Léo Ferré et d'autres auteurs français, elle savait être d'une extrême mise en place dans sa manière de faire vibrer le public avec des morceaux comme "Loray Kale, Poss Machan qu'elle a enregistrés avec l’accompagnement de Max Piquion au piano, Ferdinand Dor à la contrebasse, Frédéric Charpentier ou Fritz Joassin à la guitare, Constant Laleau et Antoine Osselin à la percussion latine. |
Les années 60 furent bouleversées par la montée en flèche de deux formations musicales : celle de Nemours Jean Baptiste et une autre montée par Webert Sicot. |
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Nemours Jean-Baptiste avait, au cours des années 50, fondé l'Ensemble ”Aux Calebasses" puis eut l'idée de l'élargir en y ajoutant d'autres instruments à vent .Il introduisit également la guitare électrique que tiendra Raymond Gaspard et eut comme chanteurs Julien Paul, André Dorismond, Louis Lahens, Pierre Blain, Carlo Glaudin, Arthur Lovelace, Jean-Claude Félix. On doit à Nemours Jean-Baptiste d'avoir introduit le Compas Direct dans nos mœurs.
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De nos jours, les musiciens et le grand public ne jurent que par cette musique, à un point tel que l'observateur venu d'ailleurs croirait que la musique haïtienne a commencé avec Nemours Jean-Baptiste.
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Le Compas fait partie de notre système, un vice, dirait-on, à l'égal du tabac ou l'alcool. On le danse sans complexe, avec une ferveur fétichiste. A regarder ses adeptes y introduire leurs propres innovations sur une piste, on reste ébahi de les voir souvent se figer à l'état d'une image, alors que la musique par son caractère explosif incite à l’exécution de mouvements frénétiques. Prenez un peu la peine d'observer : la partenaire a déjà emprisonné de ses deux bras le cou de l'homme; ne soyez pas surpris de remarquer les mains de celui-ci, à l'égale de celles d'un boulanger, pétrir les formes les plus "généreuses" de la sculpture de sa cavalière. Tracez donc un cercle et vous ne verrez pas les danseurs le quitter, parce que c'est la musique qui donne aux corps leur véritable langage. |
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L'autre compère, Webert Sicot n'avait pas perdu son temps. Au sein de l'orchestre de Ernst Lamy, le public avait pu découvrir en lui un instrumentiste fougueux qui s'exprimait avec volubilité et une chaude éloquence. Il semblait avoir déjà résolu ses problèmes techniques, en dépit de son jeune âge. Ce fut au début des années soixante qu'il créa son propre groupe avec la participation des chanteurs André Dorismond, Gary French, Gérard Thézan.
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Cet Ensemble jouait sur un autre rythme baptisé "Cadence Rempas". Les adeptes fanatisés en firent naturellement le rival attitré de celui de Nemours Jean-Baptiste. On n'est pas près d'oublier la polémique qui fulmina entre les partisans de ces deux orchestres qui fonctionnaient à l'égal de deux puissants partis politiques.
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Au carnaval on pouvait y voir traîner des milliers de fanatiques suivants aveuglément les chars et improvisant rageusement des propos peu élogieux sur les chorus que prenaient les guitaristes. |
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