Martha Jean-Claude Iere Partie |
Guy Durosier |
A lire : Deuxième partie |
Frantz Courtois |
Les décennies 50 et 60 auront laissé à notre univers artistique une musique d'une exceptionnelle qualité De nos jours, elle nous incite encore à une écoute attentive pour nous bercer par sa foisonnante nature, son intacte vigueur, sa diversité prodigieuse. |
(Jamaïcain) a intégré la chanson haïtienne créole dans son répertoire |
Ils furent nombreux à défiler, et en leur compagnie, nos compatriotes musiciens connurent la consécration à laquelle leur donnait droit leur immense talent. Les nostalgiques s'attendrissent encore à parler de Bebo Valdès, Bud Johnson, Zoot Sims, Perez Prado, Harry Belafonte etc. Il y eut aussi les extraordinaires groupes musicaux, dont nous nous bornerons seulement à citer cette merveilleuse institution musicale que fut la Sonora Matancera. Mais encore faudrait-il penser à ces généreux mécènes de l'époque qui rendirent aussi possible la venue en Haïti de bon nombre de ces grands artistes d'outre-mer? |
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En ce temps-là, nombreux étaient les lieux de divertissements créés en vue d'accueillir un public haïtien désireux de jouir de la danse et de goûter de près à la saveur de cette musique qui s'échappait des récepteurs de radio: il fallait y voir évoluer ces musiciens enchanteurs. L'on retiendra les noms les plus fameux tels "le Vert Galant", "Cabane Choucoune", "le Casino International", les Hotels Riviera, Beau Rivage, El Rancho, Ibo Lélé, qui ont lancé les Guy Durosier, Jean Benjamin, Dodofe Legros. Il existe encore de vieux disques qui font écouter des orchestres à la sonorité unique. |
Comment ne pas penser à cet extraordinaire musicien et arrangeur que fut Charles Paul Ménard? En chef d'orchestre avisé, il eut le soin méticuleux de s'entourer d'excellents instrumentistes issus de la fanfare des Casernes Dessalines. Le brillant maestro en fera un orchestre de danse qui éclatera avec une surprenante précision, propre à faire pâlir d'envie bien d'autres basés dans la Caraïbe; par bonheur l'histoire en a conservé deux morceaux enregistrés (Ozanana et Erzulie Nen-nen) chantés par le magnifique Louis Lahens. |
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Les années 50 seront importantes pour le Jazz des Jeunes - constitué en 1943 - qui eut le privilège d'accueillir en son sein Antalcidas Murat, trompettiste au talent remarquable. Son apport en tant que compositeur, arrangeur consacrera la renommée de cette formation musicale à laquelle nous devons également d'avoir révélé cette extraordinaire chanteuse injustement oubliée de nos jours, Lumane Casimir. |
Elle nous a laissé cinq chansons qu'on peut écouter avec bonheur en dépit de cette sonorité distordante propre aux vieux disques gravés en 78 tours. Sa voix impeccable faite de fragilité et de charme malicieux la classe comme étant la meilleure spécialiste en chant folklorique. Elle fut également la première femme à s'accompagner d'une guitare. |
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Le Jazz des Jeunes eut pour maestro, René Saint-Aude. Grâce à des affinités de goût et de caractère, Antalcidas Murat et René St Aude maintiendront une association émouvante basée sur le respect mutuel ; et ce groupe musical connaîtra une ascension que lui vaudra son mérite d'avoir popularisé en force le folklore dans la musique haïtienne. Pierre Riché, Pierre Blain, Altée Riviera, Emmanuel Auguste, Edeline Déjean, Ketly Lafond, Ernst Letang ont collaboré comme chanteurs avec le Jazz des Jeunes. |
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Issa Saieh, saxophoniste et également mécène ne saurait être oublié. On lui doit la formation de l'orchestre qui porta son nom, et qu'il eut la merveilleuse idée d'amener dans les studios de Radio Progresso à la Havane Cuba. Guy Durosier, Herby Widmaier, René Dor ont participé comme « vocalistes » à ces mémorables séances d'enregistrement. De cette belle aventure nous est né un merveilleux CD qui orne désormais les rayons de nos discothèques. |
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Raoul Guillaume, saxophoniste alto laisse une contribution indiscutable à la musique haïtienne. Sa volonté d'élargir notre répertoire musical fut manifeste. N'ayant jamais déçu le public haïtien, il a dirigé des formations dont l'efficacité et l'homogénéité ont toujours marché de pair. Sa musique toujours conçue sur des textes à la sonorité belle et émouvante lui a permis de réussir une brillante synthèse dont il a conservé la formule secrète. |
Il eut la collaboration du magnifique Joe Trouillot, Serge Martelly et René Dor. Ses albums restent le fruit de grandes vibrations entre des musiciens toujours réceptifs. La chanteuse Madeleine Marcel, Ansy Dérose ont également enregistré avec l'Ensemble Raoul Guillaume. |
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L'époque vit aussi briller l'étoile d'excellents pianistes. Ernst Lamy, Felix et Edner Guignard, Emmanuel Duroseau (dit TonTon) allaient chacun développer un style bien à eux. Le piano, majestueux instrument de composition et d'harmonie, toujours relégué à la musique classique, allait ouvrir bien des horizons et connaître la ferveur populaire. Ernst Lamy prendra la direction de l'orchestre Saieh et lui donnera son propre nom. |
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Un superbe enregistrement heureusement repris sur CD fait aujourd'hui les délices des connaiseurs: Joe Trouillot, Gérard Dupervil, René Dor nous laissent encore émus par la splendeur de leurs voix bien harmonisées. Une belle atmosphère constituée de musicalité acoustique, de sobriété, de richesse fait s'exprimer cet orchestre dans une sonorité ronde et pleine. Edner Guignard après avoir exploré le monde des petites formations au sein desquelles il tirait les plus beaux sons de son piano dirigera l'Orchestre El Rancho avec le concours du « vocaliste » Michel Pressoir. |
On peut encore juger de l'exceptionnel talent d'arrangeur d'un Michel Desgrottes également trompettiste, pianiste, vibraphoniste, contrebassiste. Celui-ci, qui avait auparavant dirigé sa propre formation, nous a laissé ces mélodies éternelles et étonnantes de fraîcheur que sont « Deux p'tits poissons, La Sirène Diamant et Dansé Ibo Plaqué », ce dernier morceau interprété par Jean Benjamin, jeune premier d'alors. |
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Martha Jean-Claude se fit connaître du grand public pour avoir participé à une séance d'enregistrement aux côtés de la grande chanteuse cubaine, Celia Cruz. Avec un accompagnement de très grande qualité que fournit la Sonora Matancera, "Choucoune", musique de Moleard Monton élaborée sur un texte de Oswald Durand fut interprétée en duo par ces chanteuses. Martha Jean-Claude quitta le pays en l'année 1952 pour s'établir à Cuba jusqu'à sa mort. |
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Emerante de Pradisnes, excellente chanteuse nous a laissé également sur disque des thèmes tirés de notre folklore qu'elle interprète avec un goût exquis. |
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