1926 - 1963
Une trop courte vie pour qu'on ait pu l'apprécier dans son éclat dernier, un trop brillant parcours pour qu'on le veuille passer sous silence.
Si 1943 voit Janine Lafontant Nelson se confiner à ce poste de secrétaire qu'elle occupera durant 3 ans au Département de l'Éducation nationale, dans de toutes autres dispositions par contre, vis-à-vis d'elle-même et de son insertion sociale, la trouvera cette bouillonnante année 1946. En effet, âgée alors seulement de 20 ans, cette jeune femme, entre-temps déjà lancée dans l'action avec la création au quartier de Saint-Antoine d'une école pour les déshérités, voit ses vœux comblés par une bourse d'études en Service social au Canada, laquelle pour ne rien lui apporter, évidemment, d'une démarche où elle semble déjà si fermement ancrée, n'en contribue pas moins pour autant à lui permettre, de plain-pied, l'accès à d'autres possibilités d'action.
Se voyant confier, dès son retour en effet, le service des organisations sociales du département du Travail, elle ne laissera alors, l'occasion tant rêvée enfin se faisant jour, de s'atteler à l'élaboration de lois sur la sécurité sociale, le bien-être de la famille et de la femme ouvrière. S'étoffant à mesure d'un parcours qui la trouvera en 1960 chef du service social professionnel à l'Institut du Bien-Etre social, elle ne manquera pas, à de nombreux congrès, conférences et réunions techniques, de représenter utilement son pays à l'étranger.
1962, année fructueuse entre toutes pour cette épigone douée et énergique d'une génération engagée de femmes dont les éclats ont dû, très jeune, trouver son adhésion, verra Janine Lafontant Nelson, à qui il ne reste alors que moins d'un an à vivre, contribuer efficacement à la mise en place de l'Ecole nationale du service social et organiser, fait sans postérité, les premières colonies de vacances pour ouvriers.
Tout comme sa mère, Mariella Innocent Pierre-Charles morte 37 ans plus tôt en lui donnant naissance, Janine Lafontant Nelson, dont étaient déjà nées deux filles, meurt prématurément en mettant au monde son unique fils. En reconnaissance à une action, en tous points, digne et louable, le gouvernement lui ordonne alors des funérailles officielles où il lui sera décernée la médaille «Honneur et Mérite» au grade d'officier. En hommage également à sa mémoire, la salle principale de l'Institut du Bien-Etre social se verra honorée de son nom.
* Tiré de la Publication de la CIM
Texte de CLAUDE-NARCISSE, Jasmine (en collaboration avec Pierre-Richard NARCISSE).1997.- Mémoire de Femmes. Port-au-Prince : UNICEF-HAITI
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