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PORT-AU-PRINCE (AFP) - 13/03/2004 17h14 - Le plus haut responsable militaire américain, le chef d’état-major interarmées Richard Myers, doit se rendre samedi, 13 mars, après-midi en Haïti, où l’insécurité perdure près de deux semaines après le départ du président déchu Jean-Bertrand Aristide.
Le général Myers devait rencontrer des responsables politiques locaux et le contingent américain, qui fait partie de la force multinationale de 2.600 hommes déployée dans la capitale Port-au-Prince et qui comprend également des militaires français, chiliens et canadiens.
Cette première visite du plus haut responsable militaire américain intervient dans un contexte toujours troublé.
Les Marines américains ont tué vendredi soir deux Haïtiens au cours d’une fusillade dans le quartier de Bel Air, un bastion des partisans du président déchu Aristide, près du centre-ville de Port-au-Prince, a annoncé samedi un porte-parole du contingent américain, le major Richard Crusan.
"Un contingent de Marines patrouillait vers 21 heures quand ils ont été attaqués par plusieurs tireurs, à environ un kilomètre du palais présidentiel", a-t-il expliqué. "Les Marines ont répliqué, indiquant avoir tué deux des tireurs dans l’échange". Les Marines ont ensuite été de nouveau attaqués plus tard dans la soirée, mais il n’y a pas eu cette fois de victime, a ajouté ce porte-parole.
Selon une source médicale, un responsable d’une des plus grandes banques privées haïtiennes, la Sogebank, Ernst Pape, a été grièvement blessé par balle vendredi à Port-au-Prince par un groupe d’hommes armés.
Des agressions armées et des tirs sont régulièrement signalés dans certains quartiers de la capitale, notamment la nuit où opérent encore des partisans armés du régime déchu se livrant à des actes de banditisme.
Une attaque d’un groupe armé contre une succursale du groupe automobile japonais Toyota a ainsi été déjoué dans la nuit de jeudi à vendredi par des gardes de sécurité.
"La situation reste volatile", a estimé le commandant Xavier Pons, porte-parole du contingent militaire français. "On n’est plus dans une insécurité de type militaire mais plutôt une insécurité de droit commun", a-t-il toutefois ajouté.
Il a précisé que les militaires français n’avaient pour l’instant à aucun moment été menacés. "On n’a jamais été pris à parti depuis qu’on est arrivé", a-t-il dit.
Samedi matin, les rues de la capitale haïtienne étaient animées, encombrées par les voitures et les bus. La plupart des commerces étaient ouverts.
De son côté, le nouveau Premier ministre Gérard Latortue poursuivait ses consultations pour former un gouvernement d’union nationale.
Il a été officiellement investi vendredi dans ses fonctions par le président par intérim Boniface Alexandre. Au cours de la cérémonie d’investiture, il a annoncé qu’il espérait soumettre au président la composition du nouveau gouvernement "au plus tard lundi matin pour que l’investiture puisse être donnée au nouveau cabinet ministériel" peut-être mercredi matin.
"Ce pays ne peut plus continuer à attendre, le vide a trop duré, il faut que l’on se mette au travail le plus vite que possible", a-t-il dit.
Quelques heures plus tôt, il avait rencontré des représentants du parti Famille Lavalas, le parti du président déchu Jean Bertrand Aristide. Il a dit s’être accordé avec eux sur la "priorité de la réconciliation nationale".
La recherche d’un pays d’accueil pour Aristide, qui se trouve depuis le 1er mars en République centrafricaine, continue d’empoisonner l’atmosphère. M. Latortue a estimé urgent de régler cette question.
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