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Un certain discours véhicule l‘idée que les relations entre l‘ancienne
puissance coloniale et Haïti sont depuis longtemps très bonnes, voire
amicales. Le sentimentalisme des Haïtiens confortent aussi cette idée.
Certains représentants (officiels ou autres) de la France ont cultivé
parfois une amitié réelle vis-à-vis de l‘un ou l‘autre secteur de la
population haïtienne, il en va tout autrement du projet politique de
leurs gouvernements.
En deux siècles de relations étatiques, jamais un Président, Chef de
l‘Etat ou Premier ministre en exercice n‘a trouvé ni le temps, ni
l‘opportunité de rendre visite à Haïti.
Les beaux discours n‘y changeront rien! Si les Haïtiens se
débarrassaient de leur sentimentalisme atavique, s‘ils cessaient
d‘attendre plus que de raison quelque chose des autres peuples,
peut-être réussiraient-ils avec leurs propres moyens, en se serrant les
dents et en faisant preuve d‘ingéniosité, à reconquérir leur droit à la
dignité.
La région française de Franche Comté a bien perçu le profit qu‘elle
peut tirer de l‘ex-bagnard opportunément réhabilité. A côté des
politiques, nombre d‘entreprises de la région ont contribué à la
commémoration du bicentenaire de Toussaint. Il n‘y a rien à dire sur la
façon dont les choses ont été organisées par les héritiers de ceux par
qui cette mort misérable advint. Ils ont mis le paquet! Là, entre
propriétaires et dépositaires de la marque Toussaint Louverture, il y a
pour le moins un intérêt commun. Les Francs-comtois en tirent déjà des
bénéfices en termes de retombées touristiques pour le Château de Joux
et la Franche Comté. Quant aux Haïtiens, n‘auraient-ils pas pris
quelque retard dans la genèse d‘une source de revenus associée
justement à cette valeur nationale?
Dans Toussaint Louverture, il y a ouverture. C‘est une vérité
historique. Le politique visionnaire et créatif qu‘il fut aurait
sûrement quelque amertume s‘il pouvait revenir constater les ravages de
l‘ouverturicide dans la nouvelle société pour laquelle il épuisa
l‘essentiel de son engagement politique.
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