1918 - 1997
J'ai commencé à produire très
jeune. (...) toute ma vie a été remplie de littérature.
Ce fut pour moi une passion dévorante dès ma plus
tendre enfance, plus précisément dès l'âge
de dix ans. Je publiais même à cette époque
une petite revue que j'écrivais en entier, que j'illustrais
moi-même en couleur, dont je cousais les pages et que je distribuais
à mes frères, sœurs, amies et camarades. Il faut
avouer que mes parents me soutenaient dans ma vocation, j'étais
très bien entourée et je lisais énormément»(1).
Un souci de commodité imposant malheureusement, au fil de
la présentation de ces portraits, un certain classement,
nous serions, à vouloir caser Mme Colimon-Hall, dans le plus
grand embarras, si d'elle-même, elle ne nous avait ainsi aiguillée
sur son parcours aux multiples facettes.
En Marie-Thérèse Colimon-Hall, il faut d'abord reconnaître
une éducatrice dont, depuis ses premiers cours à l'Ecole
Smith Duplessis, ne s'est jamais démentie une certaine fidélité
à l'enseignement, marquée qu'elle sera, entre autres,
par la fondation et l'animation de l'Ecole normale des jardinières
d'enfant, son enseignement des lettres au Collège Colimon
Boisson et la publication de ses cours de Littérature française
et d'Histoire. On saluera avec un égal enthousiasme une féministe
dont le plaidoyer pour l'émancipation de la jeune fille au
Congrès National des Femmes haïtiennes (avril 1950)
de La Ligue féminine d'action sociale, (ligue dont elle assurera
plus tard la présidence de 1960 à 1971) témoigne
aujourd'hui encore, à la seule lecture, d'une passion et
d'une conviction dignes d'admiration. On retrouve enfin la femme
publique, animatrice de causeries, conférences..., rédactrice,
collaboratrice de nombre de revues notamment Optique, la voix
des femmes, l'UNIH (revue des instituteurs haïtiens), Le
Nouvelliste, Haïti Journal (chronique hebdomadaire sur
l'enfance malheureuse) dont la justesse des propos, étayée
lucidement d'une sérieuse documentation, ne laisse d'en imposer.
Sans nul doute Marie-Thérèse Colimon-Hall aurait-t-elle
souhaité que nous nous attardions beaucoup plus sur cet autre
visage d'elle-même, plus intime, beaucoup plus personnel,
en dépit de l'esprit d'engagement dont il semble, par endroits,
animé, celui de la femme de lettres à qui la littérature
haïtienne de fiction et d'essai devra des poèmes, des
textes de réflexion divers, nombre de pièces de théâtre
à caractère religieux ou historique, des romans inédits...
jusqu'aux poèmes à dire et chansons pour enfants mises
en musique par Angel Mendez. Surmontant cette solitude où
se retrouve forcément quiconque en Haïti s'adonne passionnément
aux lettres et les difficultés attachées au monde
de la publication et de l'édition, Marie-Thérèse
Colimon-Hall, soutenue sans doute par la confiance des mots, vraie
passion de sa vie, se fera un devoir de continuer à écrire,
signant longtemps ses œuvres du pseudonyme de Marie Bec et
attendant patiemment quinze années durant de pouvoir sortir
son maître roman, Fils de misère, déjà
achevé dans les années 60.
Mme Colimon Hall a été membre du Jury du prix littéraire
Henri-Deschamps depuis sa création en 1975.
Productions:
1949: La Fille de l'esclave, théâtre
1955: Marie-Claire Heureuse, théâtre
Bernadette Soubirous, théâtre
Mes Cahiers d'écriture, receuil de poèmes
1975: Fils de misère, roman,
couronné la même année par le prix littéraire
France-Haïti.
1980: Le Chant des Sirènes, receuil de nouvelles
(1) Marie Thérèse Colimon sans ombres dans
Haïti Littéraire et Artistique, no3
Texte de CLAUDE-NARCISSE, Jasmine (en collaboration avec Pierre-Richard NARCISSE).1997.- Mémoire de Femmes. Port-au-Prince : UNICEF-HAITI
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