17..(?) - 1802
Fallait-il être insouciante, révolutionnaire convaincue,
femme désespérée, pour faire montre face au
danger d'un courage aussi singulièrement tenace? La naissance,
le parcours, la parenté ainsi que les affiliations sûres
d'Henriette Saint-Marc affectent l'allure d'un impénétrable
mystère. Le peu dont aujourd'hui encore nous nous voyons
tenus de nous accommoder, est qu'elle était une jeune femme
de Port-au-Prince, au demeurant modeste, simple «que l'on
voyait passer à la rue d'Orléans, à la rue
d'Aunis et parfois à la rue des Casernes devant les Casernes
des anciens régiments d'Artois, de Guyenne et de Normandie.»(1)
Et c'est cette jeune femme dont la séduction et la grande
beauté ne manqueront point d'admirateurs qui se retrouvera
à partager l'intimité des soldats français
en échange de quoi, leur sont soutirées de la poudre
et des munitions... On ne sait non plus comment la duplicité
d'Henriette Saint-Marc fut découverte. Accusée d'avoir
envoyé de la poudre aux insurgés de l'Arcahaie, peu
après la déportation de Toussaint Louverture, «elle
fut arrêtée et aussitôt condamnée à
la peine de mort. Arrachée de la prison, elle fut placée
entre deux pelotons de carabiniers européens, et conduite,
suivie de son cerceuil, sur la place du marché, vis-a-vis
de l'église. A dix heures du matin, en présence d'un
peuple immense, une potence fut dressée sous ses yeux. Elle
monta sur l'échafaud avec courage. Quand son cadavre se balanca
dans l'air, un cri lugubre, des sanglots éclatèrent
dans la foule. Les femmes abandonnèrent le marché,
saisies d'horreur...»(2)
(1) Dantès Bellegarde, op. cit. pp226-227.
(2) Thomas Madiou, op.cit, Tome II, p394.
Texte de CLAUDE-NARCISSE, Jasmine (en collaboration avec Pierre-Richard NARCISSE).1997.- Mémoire de Femmes. Port-au-Prince : UNICEF-HAITI
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