Publié le 2 juillet 2004

La déforestation responsable de l'aridité des terres en Haïti

Après les inondations et les coulées de boue qui ont frappé l'île d'Hispaniola, la déforestation mise en cause en Haïti

Des pluies torrentielles, durant le week-end du 22 au 24 mai 2004, ont provoqué des ravages en Haïti et fait 1600 morts dans plusieurs localités, selon la protection civile, alors que la déforestation anarchique du pays est mise en cause dans la catastrophe.

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Le plus grand nombre de morts a été enregistré dans la localité de Fonds Vérettes, à deux heures de route au nord-est de la capitale haïtienne, où 450 personnes ont perdu la vie, emportées par des eaux en furie. Cette bourgade et ses environs comptent quelque 45.000 habitants, la plupart agriculteurs. Selon des témoins, la localité aurait été presque rasée.

Bâtie sur le lit d’une rivière, Fonds Vérettes avait déjà enregistré des dizaines de morts lors du passage du cyclone George en 1998 et de la tempête tropicale Gordon en 1994. La protection civile a également indiqué qu’au moins 200 personnes avaient péri dans le département du sud-est d’Haïti, frontalier avec la République dominicaine, où les pluies ont aussi provoqué plus de 140 morts.

Les deux localités les plus touchées dans cette région sont Grand Gosier et Mapou Belle Anse avec environ près de 100 victimes dans chacune de ces bourgades. Dans la ville frontalière de Jimani, en République Dominicaine, on a aperçu de nombreux cadavres emportés par les eaux et qui provenaient, selon les déclarations des riverains, de Fonds Vérettes.

La coupe incontrôlée et systématique des arbres, qui favorise l’écoulement des eaux, a également été mis en cause par le père Belneau, curé de Fonds Vérettes. Ce dernier a aussi dénoncé la gestion calamiteuse, selon lui, par l’ancien gouvernement du président Jean Bertrand Aristide, de la période qui a suivi le passage du cyclone George en 1998. Le déboisement d’Haïti s’était notamment accéléré pendant l’embargo international de 1991 à 1994 imposé après un coup d’Etat militaire. Pendant cette période, le bois a été coupé pour l’éclairage dans les campagnes et la cuisson des aliments.

Le kérosène, qui servait jusqu’alors à l’éclairage domestique, figurait en effet parmi les produits touchés par l’embargo au même titre que le pétrole. La majorité des classes défavorisées dans le pays le plus pauvre du continent américain a continué par la suite à couper du bois car le gaz propane comme le kérozène leur était inaccessible financièrement. L’autre facteur déterminant dans le déboisement a été l’explosion démographique. Haïti compte quelque 8 millions d’habitants et la population croît chaque année de plus de 2,3%. Dotés de familles de plus en plus nombreuses, les paysans ont remplacé peu à peu la couverture végétale par des cultures vivrières pour nourrir leurs proches.

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