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Voilà 30 ans, la communauté internationale se réunissait à Stockholm à l’occasion de la première Conférence des Nations Unies sur l’environnement.
Cette manifestation a marqué un tournant décisif. Elle a inspiré des légions de militants écologiques sur le terrain. Elle a débouché sur la création de
ministères et d’agences de l’environnement dans des pays qui n’en avaient pas encore. Elle a placé l’environnement à l’ordre du jour international.
Il y a 10 ans, la communauté internationale se retrouvait à nouveau pour le Sommet Planète Terre à Rio de Janeiro. Le Sommet a sonné l’alarme, mais il a
aussi offert une vision positive grâce à la naissance du concept du développement durable qui a constitué une véritable percée. Plus jamais, du
moins l’espérait-on, la protection de l’environnement ne serait considérée comme un luxe ou un complément. Les facteurs environnementaux seraient intégrés
aux questions économiques et sociales et placés au centre du processus de décisions. Les pays développés, qui s’étaient modernisés par le gaspillage et
des pratiques dangereuses, aideraient les pays en développement à lutter contre la pauvreté et à éviter de s’engager sur la même voie polluante. En adoptant
Action 21, un plan en faveur du développement durable, les riches comme les pauvres semblaient être convenus d’une conception commune de la croissance,
de l’équité et de la conservation à long terme.
Mais depuis, les progrès ont été plus lents que prévu. L’équilibre de l’environnement mondial demeure fragile. Les mesures de conservation sont loin
d’être satisfaisantes. Lors des débats sur les finances et l’économie mondiales, l’environnement est toujours le parent pauvre. La consommation
effrénée continue à compromettre les cycles naturels de la vie sur terre. La recherche et le développement restent malheureusement insuffisamment financés
et négligent les problèmes des pauvres. Les pays développés, en particulier, ne sont pas allés assez loin dans le respect des promesses qu’ils avaient faites à
Rio, tant en ce qui concerne la protection de leur propre environnement que l’aide à apporter aux pays en développement pour vaincre la misère.
Dans moins de quatre mois, lors du Sommet mondial pour le développement durable qui se tiendra à Johannesburg, nous aurons l’occasion de relancer la dynamique
créée au Sommet Planète Terre. Déjà, le processus préparatoire à cette manifestation a permis d’attirer à nouveau l’attention sur des questions qui
avaient été largement éclipsées par les conflits, la mondialisation et, plus récemment, le terrorisme. Néanmoins, il me semble nécessaire de préciser les
enjeux que présente cette Conférence et ce qu’elle peut accomplir. Les négociateurs qui se réuniront ce mois-ci, à Bali, doivent y voir clair pour
pouvoir élaborer un programme d’action solide. L’opinion aussi doit y voir clair si l’on veut qu’elle soit favorable aux changements indispensables.
Fondamentalement, Johannesburg a pour thème la relation entre l’homme et son environnement naturel. Nous représentons ici, dans cette salle, une partie des 20% de
l’humanité qui jouissent d’un niveau de privilèges et de prospérité que les générations passées n’auraient jamais osé espérer atteindre. Et pourtant, le
modèle de développement qui nous a autant donné a également eu des effets dévastateurs sur la planète et ses ressources. Il ne sera peut-être pas
durable, même pour ceux qui en ont déjà profité, et encore moins pour la plus grande majorité de nos semblables, dont beaucoup vivent dans un état de
privation et de misère insupportables, et aspirent tout naturellement à profiter des avantages qui sont les nôtres.
C’est ce que les responsables mondiaux rassemblés à l’Organisation des Nations Unies,
voilà près de deux ans, pour le Sommet du Millénaire ont compris. Ils ont
décidé que les 15 premières années de ce siècle seraient consacrées à une
lutte sans concession contre la pauvreté dans le monde, et ont défini un
ensemble d’objectifs – les objectifs de développement du Millénaire –
à cette fin. Mais ils ont également pris la résolution d’éviter aux générations
futures «d’avoir à vivre sur une planète irrémédiablement dégradée par les
activités humaines». Le Sommet de Johannesburg vise à trouver des moyens
concrets pour répondre à ces deux défis –améliorer les conditions de vie de
tous les êtres humains, tout en protégeant l’environnement. Le Sommet a
également pour objectif de passer des promesses –qui ont été nombreuses il y a
30 ans mais aussi il y a 10 ans – à l’action. Il existe, à mon
avis, cinq domaines particuliers où des résultats concrets sont aussi essentiels
que réalisables.
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